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CAPITOLO SECONDO.
Senza accettare per vere tutte le osservazioni che intorno a questa tenzone vengono l'atte, da Emeric David (1), noi non possiamo però non riconoscere la sua grande importanza storica, tanto più se la si raffronti alla serventese di Pietro della Caravana piemontese, il quale, in quell'anno istesso 1236, Tirteo della libera gesta, come lo chiama Giosuè Carducci, cantava: Lombardi, guardatevi bene che non siate ridotti peggio che schiavi comprati, se non durate fermi (2) :
D'un sirventes faire Es mos pessamenz Qu' el pogues retraire Viatz e breumenz Qu' el nostr' emperaire Ajosta grans genz. Lombard, be us gardatz Que ja non siatz Peier que coinpratz, Si ferm non estatz.
De son aver prendre No us mostratz avars, Per vos far contendre Ja non er escars; Si '1 vos fai pois prendre, L'avers er amars : Lombard, be us gardatz Que ja non siatz, etc.
De Puilla us soveigna Dels valenz baros, Qu'il non an que preigna For de lor maizos, Gardatz non deveigna Atretal de vos : Lombard, be us gardatz Que ja non siatz, etc.
(1) Cosi egli scrive: « Nous n'examinons point cette pièce, dans ses rapports politi-ques ou moraux; nous ne nous arrètons pas mème à son mérite poétique, à l'élévation du style, à la noblesse du langage; une autrc idée nous parait mériter encore plus d'attention, c'est le choix mème de cette langue des troubadours dan? un sujct qui intéressait si vi-vement la masse de la nation italienne. Une grande querelle s'est élevée entre les villes lombardes qui défendent leur liberté, et le monarque qui prétend les asservir; les peuples sont divisés d'intérèts ou du moins d'opinion; toutes les passions sont cn rnouvement; la guerre est partout, une guerre populaire à la quelle tous Ics individus prennent part; deux poètes s'élancent entre les camps ennemis; ils célèbrcnt la cause qu'ils croient la plus propre à amener le bonheur public: qu'ils soicnt italions ou provencaux, n'importe; le fait à remarquer c'est qu'ils chantent cn langue romane-provencale ; c'est dans cette langue qu'ils espèrent ètre entendus de Frederic, de Boniface, du peuple de Milan, de celui de Mantoue, de Bologne, de Parme, de Modène! Tous ces peuples comprennent donc cette langue; et elle est, encore à cette époque (1230 o 1237), la plus propre à exprimer parmi eux des idées poétique. C'est là un fait capital dont cctte tenson, qui dut avoir de son temps une grande célébrité, nous donne une preuve. »
(2) Raynouard, Choix, IV, 197.